Le Comte Kostia by Victor Cherbuliez

Le Comte Kostia by Victor Cherbuliez

Auteur:Victor Cherbuliez [Cherbuliez, Victor]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Google: Bs8-AAAAYAAJ
Éditeur: Hachette et cie
Publié: 1872-07-15T13:37:34+00:00


XIII

Ce jour-là, Gilbert passa une grande heure à sa fenêtre. Ce qui fixait son attention, ce n’était ni le Rhin, ni le précipice, ni les montagnes, ni les nuages. L’espace étroit où se confinaient ses regards était borné au couchant par la grosse tour carrée, au midi par un pignon, au nord par une gouttière : je veux dire que l’objet de ses contemplations était un toit très-irrégulier, très-accidenté, ou, pour parler plus exactement, deux toits adjacents et parallèles, l’un plus élevé que l’autre de douze pieds, et s’abaissant tous deux par une pente rapide vers un redoutable précipice.

En refermant sa fenêtre, il se dit :

« Après tout, c’est moins difficile que je ne le pensais : deux échelles de corde feront l’affaire. À la garde de Dieu ! »

M. Leminof se trouvant trop incommodé pour quitter sa chambre, Gilbert dîna seul dans sa tourelle, après quoi il alla se promener au bord du Rhin. Au moment où il débouchait du sentier sur la grande route, il vit paraître à trente pas de lui Stéphane et Ivan. En l’apercevant, le jeune homme fit un geste de colère, et, détournant son visage, il lança son cheval à bride abattue. Gilbert n’eut que le temps de sauter dans le fossé pour éviter le choc. En passant devant lui, Ivan le regarda d’un air triste, secoua la tête et porta le doigt à son front, comme pour dire :

« Il faut tout lui pardonner ; son pauvre esprit est bien malade ! »

Gilbert ne tarda pas à remonter au château, et comme il atteignait l’entrée de la terrasse, il vit le serf, qui appuyé contre l’un des vantaux de la porte, semblait faire sentinelle.

« Mon cher Ivan, lui dit-il en s’approchant, tu as l’air d’attendre quelqu’un.

— Je vous ai entendu venir, répondit-il, et je vous prenais pour Vladimir Paulitch. C’est le bruit de vos pas qui m’a trompé ; d’habitude vous n’avez pas la démarche si mesurée.

— Tu es un fin observateur, répondit Gilbert en souriant ; mais je te prie, ce Vladimir Paulitch…

— C’est un médecin de mon pays. Il demeurera deux mois avec nous. Le bârine lui a écrit il y a quinze jours. Il sentait venir son mal. Vladimir Paulitch est parti tout de suite, et avant-hier il a écrit de Berlin qu’il serait ici aujourd’hui dans la soirée. Ce Vladimir est un médecin qui n’a pas son pareil. Il me tarde de le voir arriver.

— Dis-moi, mon bon Ivan, ton jeune maître est-il au jardin ?

— Il est là-bas, sous le frêne pleureur.

— Eh bien ! il faut que tu me permettes de m’entretenir un instant avec lui. Tu pousseras même l’obligeance jusqu’à n’en rien dire à Kostia Petrovitch. Tu sais qu’il ne peut nous voir. Il garde le lit, et, supposé qu’il vienne à se lever, ses fenêtres donnent sur une cour intérieure. »

Le front d’Ivan se plissa.

« Impossible, impossible ! répondit-il.

— Impossible ? Pourquoi ? Parce que tu ne veux pas.

— Et quand je voudrais, croyez-vous que



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